La question se pose toujours. Faut-il mieux innover ou faire preuve de réactivité ?
Si vous demandez à un investisseur il vous répondra qu’il vaut mieux la seconde solution. Autrement dit laisser les autres essuyer les plâtres et si c’est une opportunité la saisir au plus vite. Les risques sont réduits et la rentabilité est constante si on sait très vite réorganiser la structure. A l’opposé de cela les innovateurs font courir le risque à l’entreprise de la faire partir trop tôt sur une nouvelle piste, de dépenser beaucoup d’argent en évangélisation et d’avoir un retour sur investissement très tardif voire pas de retour du tout…
Un gestionnaire est quelqu’un qui sait évaluer les coûts, chiffrer des options stratégiques mais jamais les dessiner. Trois exemples issus du secteur des produits culturels.
La FNAC vend des produits culturels et high tech. Il y a toujours eu dans son approche l’idée qu’il fallait offrir des repères aux clients (faire des comparatifs, des fiches d’essais, des identifications claires) pour que chacun sache ce qui leur convient le mieux.
VIRGIN était un formidable « metteur à disposition » du plus grand nombre possible de produits culturels sans repères ni notes… au client de trouver son bonheur. Les problèmes de positionnement de la marque a amené la direction à la fin à décider (devant la dématérialisation des produits musicaux) qu’il fallait miser sur les livres alors qu’Amazon commençait à prendre des parts de marché significatives.
CULTURA a choisi de capter les clients par la musique, la vidéo, les livres pour les amener vers ce qui lui rapporte le plus : les fournitures de décoration (perles, éléments en cartons, peintures, couleurs,…). Il se considère un peu comme un centre culturel populaire où on achète le dernier roman, se laisse séduire par un instrument de musique, participe à un atelier « faites votre calendrier de l’avant ».
Voici donc les trois enseignes vues par un gestionnaire. Il est probable qu’en suivant cette façon de penser la stratégie la FNAC disparaisse aussi (car au fond tout ce qu’elle propose est déjà proposé sur internet) et CULTURA rencontre des difficultés avec notamment la dématérialisation des livres et surtout leur transformation en format court et interactif qu’elle n’anticipe pas du tout.
Si on quittait la casquette du gestionnaire, comment pourrait-on faire évoluer ces enseignes ?
La FNAC, en surfant sur son positionnement de repères, de structurateur pourrait tout à fait devenir une sorte d’université du type openclassroom mais avec une dimension plus culturelle, des programmes, un mélange présentiel-supports numériques en utilisant notamment ses infrastructures. Elle pourrait créer une chaine de tv culturelle,…
VIRGIN aurait pu surfer sur « la culture que l’on vit et que l’on éprouve » en devenant opérateur de partenariats public-privé pour des salles de concerts (présentiel et retransmission) avec une partie où les personnes peuvent prendre des cours, enregistrer, partager, discuter,…
CULTURA pourrait devenir producteur et un fournisseur de systèmes culturels interactifs que ce soit au niveau de la littérature mais aussi des arts plastiques et de la musique.